Abandonnée par son père, élevée par une mère permissive, V., quatorze ans, est fascinée par un homme au charme irrésistible : G., célèbre écrivain quinquagénaire. Lettres passionnées, promesses amoureuses, rendez-vous clandestins, tout attire dans son lit l’écolière éperdue qui sèche les cours : elle l’aime ! Pourtant, son bel amant multiplie les relations avec des gamines et pratique le tourisme sexuel. Comment échapper à son emprise, comment réparer les dommages de cette folie ? Vanessa Springora, éditrice, écrit ce premier livre autobiographique pour se libérer de décennies de souffrances. Son histoire s’inscrit dans les années 70/80, quand la libération des moeurs couvrait des agissements honteux et que les milieux intellectuels soutenaient les prédateurs pourvu qu’ils fussent talentueux. Aujourd’hui, la dénonciation de V. comme celle d’autres victimes peut être entendue. Chacun aura reconnu G., ses écrits donnent de la crédibilité au récit de V. Ce texte trouble peut mettre mal à l’aise. L’auteure démonte avec précision les mécanismes de la manipulation des jeunes filles, « consentantes » parce que vulnérables ; elle dénonce la démission des parents, l’inertie des autorités… Une belle écriture, riche et franche, appuie un témoignage sincère, émouvant de lucidité. On adhère au rappel à la loi qui clôt l’ouvrage. (M.Bo. et A.Le.)
Le Consentement
SPRINGORA Vanessa