Une étrange épidémie atteint les habitants d’un petit bourg chinois : somnambules, ils errent sans but, se jettent dans le canal… Dans une nuit de cauchemar, au-delà de toute morale et de tout contrôle, ils se livrent à des excès. Même Yan Lianke qui habite le village est contaminé : en panne d’inspiration, il a cessé d’écrire. Seuls résistent un jeune garçon, l’idiot, et son père, qui tient le magasin d’articles funéraires. Lorsqu’à l’aube, le soleil refuse de se lever, c’est la panique, c’est la guerre…
Derrière le narrateur, « l’idiot », se cache Yan Lianke, lui-même auteur de plusieurs romans et d’un essai (À la découverte du roman, NB mai 2017). Il joue un rôle dans la trame de l’ouvrage et multiplie les extraits de ses œuvres. Cette histoire insensée est un conte fantastique qui, sous couvert de rêves, révèle les noirceurs de l’âme humaine (cupidité, haine, violence…) et témoigne des peurs ancestrales que la grande lueur finale colore d’espoir. Quelques données réalistes sur la Chine d’hier et d’aujourd’hui se glissent dans le récit (pratiques funéraires, solidarités villageoises, contrôle politique…). D’une approche difficile, ce roman original, exigeant, ample et poétique, peut emporter le lecteur ou le laisser perplexe. (D.C. et M.Bo.)