Le poids des morts

1975, Franco agonise. L’Espagne politiquement fracturée se prépare à la transition. Alors qu’elle vit à Vienne où elle tente d’oublier son passé, Lucia se laisse convaincre par un ami d’enfance de rapporter les cendres de son père à Barcelone. Lasse de fuir ses fantômes, elle décide de les affronter. Un vieillard enfermé depuis trois décennies dans un asile et un policier pervers détiennent peut-être la clé de l’enchaînement fatal qui a marqué sa vie.  

Ce polar est en réalité un beau roman, très noir ! Publié en 2006 en Espagne, jamais traduit, il est le premier qu’a écrit l’auteur, considéré comme une star du genre (Par-delà la pluie, NB mars 2019). Des quelques personnages marqués dans leur chair et leur âme, dont Lucia, Barcelone est sans doute le plus important. Rues étroites et boueuses, clairs-obscurs, nuages lourds, averses glacées, senteurs maritimes mêlées d’effluves fétides saisissent au sens propre comme au figuré. Les humains s’y débattent, englués dans une attente crépusculaire où la férocité (trahisons, viols, tortures, exécutions sordides…) peut frapper à tout instant. Cette évocation puissante et imagée d’une époque place le livre dans la grande tradition des littératures hispanophones. (A.Lec. et L.D.)