Jed Loving, peintre raté alcoolique, Eve et leurs deux garçons vivent dans une bourgade texane. Poète en herbe, timide, dix-sept ans, Oliver est amoureux de Rebekkah. Un quinze novembre, lors du bal de l’école, un ancien élève fusille quatre personnes et atteint Oliver à la tête. L’aîné plongé dans le coma, la famille part à la dérive. Dix ans plus tard, en dépit de désillusions successives, Eve s’accroche à l’espoir de sauver son fils et le cadet qui a fui à New York s’acharne vainement à écrire l’histoire de son frère…
Le deuxième roman de Stefan Merrill Block a pour cadre une région en déshérence où cohabitent difficilement anglophones et hispanophones. Thème central, la métaphore de l’enfermement atteignant le fils, prisonnier d’un cerveau abîmé figé dans le passé, mais aussi ses proches dont l’auteur analyse subtilement les relations chaotiques. Persuadés d’être responsables, incapables de communiquer, d’agir, d’envisager le futur, ceux-ci ressemblent à des fantômes arrimés au garçon inconscient « coupé en deux », à moitié avalé par les trous entre les étoiles. Quand la parole se libère, la vérité occultée depuis une décennie émerge progressivement, sans tout élucider, mais ouvre la possibilité d’une issue. Quoique médicalement fantaisiste, ce récit construit, poignant, maintient constamment l’intérêt. (L.G. et B.D.)