Un petit garçon veut savoir pourquoi il n’a vu son père que cinq fois dans sa vie, entre trois et quatorze ans. La première fois il voit une grande ombre qui lui cache le soleil et croit que c’est un grand oiseau noir qui le fait voler avec lui. Le jour de sa communion, tout le monde s’intéresse enfin à lui, et sont présents beaucoup de jeunes hommes comme son père. Et puis cette plage que son père quitte avec d’autres sur une embarcation. Il ne cesse de s’interroger…
Dans un style coloré, créatif, poétique souvent, dramatique quelquefois, sachant être tantôt enfant tantôt adulte, Guy Regis Jr, haïtien, parle de son pays. La nature y est belle, mais pauvre ; et cette terre, soumise aux violences climatiques ou naturelles, est aussi dévastée par la corruption des élites et leur pillage des moindres richesses. L’auteur raconte comme les hommes quittent ce pays « sens dessus-dessous », laissant femmes et enfants dans la misère. Superbe, la langue s’enroule comme le ressac : des questions répétées, des interprétations imagées, des dialogues rêvés. C’est le récit chaud et vibrant d’un enfant qui avait presque tout pour être heureux. (P.B. et B.Bo.)