Auprès de ses parents, tous deux professeurs, Giovanna vit à Naples. C’est une adolescente heureuse, proche de ses amies. Mais un jour une phrase de son père met brutalement fin à ce bonheur tranquille. « Elle ressemble à Vittoria », dit-il, sa sœur laide et détestée avec laquelle il a coupé les ponts. Giovanna cherche des photos de Vittoria, puis obtient le droit de la voir, ce qui provoquera l’écroulement des valeurs auxquelles elle croyait.
Dans ce récit du passage à l’âge adulte, Elena Ferrante (L’enfant perdue – L’amie prodigieuse ; 4, Les Notes novembre 2017) écrit, avec l’acuité et la finesse qu’on lui connaît, la révolte d’une jeune fille contre un monde d’adultes qu’elle pensait sérieux, crédibles et sécurisants. La tante venimeuse lui montre que tout n’est qu’apparence, qu’une autre vie existe et que l’origine sociale et le langage ne devraient pas être des marqueurs indélébiles. On retrouve la beauté mais aussi les côtés sombres, voire dangereux, de cette ville que découvre l’héroïne dans sa recherche de la vérité. Elle grandit, au contact de gens différents, et prend conscience de sa capacité à affronter ses angoisses. Remarquablement construit, le livre se finit d’une manière qui laisse espérer une suite… (B.T. et C.-M.T.)