La femme qui reste

La jeune Berlinoise Clara est admise en 1926 dans l’école du Bauhaus de Gropius, et devient vite l’amie puis l’amoureuse de deux étudiants en architecture, Théo et Holger, dont les choix de vie vont diverger. Clara est recrutée parmi les tisserandes avant de devenir comédienne au Berliner Ensemble de Brecht. Quand les fondateurs du Bauhaus sont contraints de fuir l’Allemagne nazie, Clara est celle qui reste à Berlin, malgré la guerre, puis malgré le Mur.

Graphiste, Anne de Rochas, campe, dans ce premier roman, sur un fond historique un beau personnage de femme énergique et indépendante qui choisit pour donner un sens à sa vie, le Bauhaus, un mouvement porté par un créateur charismatique. Elle fait revivre l’aventure vibrante d’une école artistique utopique et moderniste mais peu à peu démembrée, quand les nazis chassent puis persécutent les artistes juifs et communistes. Elle restitue toutes les facettes du Bauhaus, de l’architecture aux arts décoratifs, sans oublier le théâtre et les œuvres novatrices de Klee et de Kandinsky, jusqu’à l’éclatement du groupe, tiraillé entre la tentation du communisme et la nécessaire prudence face au nazisme. Un roman passionnant, nostalgique, servi par une écriture chatoyante et inventive qui souligne la fécondité d’un courant artistique parfois mal connu. (A.K. et L.G.)