En 1968, pendant la révolution culturelle, le Palais du Potala – ancienne demeure du Dalaï Lama – est occupé par l’armée rouge. Le Loup, chef d’une bande de jeunes révolutionnaires, torture dans les caves Bstan Pa, l’ancien peintre attitré du Dalaï Lama, pour lui faire avouer un éventuel mauvais penchant condamnable du Grand Maître spirituel. C’est l’occasion pour l’artiste de raconter son histoire au travers des peintures qu’il a faites.
Dai Sijie (L’évangile selon Yong Sheng, Les Notes mars 2019), à la façon de son héros principal, peint le Tibet, sa beauté, la délicatesse des sentiments des moines, l’horreur de la révolution et des tortures inhumaines qui sont quotidiennes. C’est au travers des montagnes tibétaines, ou dans les palais et les résidences du souverain religieux, que le lecteur parcourt ce roman plein de poésie et de sensualité, composé en cinq parties comme les cinq bougies offertes à Bouddha. Les profanations perpétuées par des jeunes gens incultes qui n’ont aucun respect pour l’homme, ni pour les croyances et traditions séculaires de la culture du pays envahi, ni pour la beauté artistique qui les entoure, est affligeante et, malgré tout, la barbarie de certaines pratiques ne vient pas à bout de la sagesse de ce peintre. (C.M. et F.L.)