Théo habite dans un immeuble de l’est parisien avec son compagnon Édouard, son port d’attache. Dans le même immeuble vit aussi celui dont il ne connaît pas le nom, cet ami rencontré naguère, dans la librairie où ils travaillaient tous deux. Avec lui, tous les jours, il flâne au fil des rues et des passages, en quête de coïncidences topographiques, de lieux insolites que l’un fait découvrir à l’autre….
Difficile de raconter un tel roman, qui assemble, comme un puzzle, des moments éprouvés, vécus ou imaginés, d’ici ou de là, d’hier ou d’aujourd’hui. Avec le fil rouge incertain d’une quête du père : morts ou disparus, que sait-on des absents dont la présence irrigue nos vies ? Avec ténacité et virtuosité, Antonin Crenn creuse inlassablement ce sillon : le passé n’est pas du passé tant qu’on l’éprouve, gage évident de sa présence. Et l’espace, l’espace urbain surtout, pour cet amoureux de cartes, est comme l’empilement fragile de vies que l’écrivain articule les unes aux autres, comme ébloui de ces coïncidences dont il est le maître. Un roman déroutant, fascinant, ancré certes dans Paris, mais ouvrant sur d’autres imaginaires urbains, au même titre que les villes de Julien Gracq. (C.B et J.G)