Tableau noir

LESBRE MichĂšle

Quand commence le rĂ©cit de la romanciĂšre MichĂšle Lesbre (Rendez-vous Ă  Parme, Les Notes mars 2019), le tableau noir est celui de ses annĂ©es d’écoliĂšre nĂ©e au dĂ©but de la derniĂšre guerre. Elle se souvient avec Ă©motion et tendresse avoir jouĂ© Ă  la maĂźtresse dans la classe de sa grand-mĂšre, directrice d’école Ă  Roanne. C’est par nĂ©cessitĂ© qu’elle devient institutrice Ă  Clermont-Ferrand, mais trĂšs vite elle se passionne pour son mĂ©tier, surtout avec les classes maternelles. En 1975, elle s’installe Ă  Paris : elle y exerce par choix dans un quartier populaire oĂč la mixitĂ© sociale et raciale est encore vĂ©cue comme une richesse. Mais son ton change progressivement. Le tableau noircit au fil de ses engagements et de sa rĂ©sistance pugnace Ă  l’emprise du politique et de l’administratif sur sa profession. En 1995, elle quitte le poste de directrice qu’elle a tenu dix ans, pour Ă©viter Ă©puisement et dĂ©senchantement, voire pire… Un texte court, illustrĂ© par Gianni Burattoni, sur les petits bonheurs et les souffrances d’un mĂ©tier que personne ne qualifie plus, sauf par dĂ©rision, de « plus beau du monde ». (T.R. et A.-M.D.)