M. Flood est un immortel ! Ce vieil homme qui se dĂ©finit comme un « fruidemerien » se nourrit de poisson, de poisson et de poisson. Un rĂ©gime qui, incluant des fruits de mer, assure, dit le chroniqueur, sa longĂ©vitĂ© et sa notoriĂ©tĂ© puisquâil est dĂ©terminĂ© Ă vivre jusquâĂ cent-quinze ans. On le suit sur les quais de Staten Island, on lâĂ©coute vanter les vertus des palourdes noires, on fĂȘte en 1945 ses quatre-vingt-quinze ans en Ă©coutant les anecdotes truculentes que racontent ses compagnons de table et de whisky.
Nous voici embarquĂ©s avec la prĂ©cision dâun documentariste et la verve dâun conteur dans le quartier populaire du port de New-York. Portraitiste hors pair, Joseph Mitchell campe en quelques saynĂštes un personnage hors du commun, reprĂ©sentatif dâune Ă©poque rĂ©volue. On y croit, on sây attache. Puis, troublĂ© par quelque dĂ©tail insolite, on sâinterroge sur la nature de ces chroniques publiĂ©es dans le New-Yorker, Ă partir de 1944. On soupçonne la supercherie et elle nous ravit tant ce personnage extravagant, composite sans nul doute, recĂšle de vĂ©ritĂ©. LâĂ©crivain Mitchell, novelliste dĂ©guisĂ© en chroniqueur, choisit le parler vrai de la littĂ©rature. Dans la mĂȘme veine, les vrais-faux articles de ArrĂȘtez de me casser les oreilles livrent la radioscopie Ă©tonnante dâune AmĂ©rique de tous les possibles. (C.B et M.T.D)