Marta, dont le fils aîné a déjà quitté le Salvador, est anéantie quand le second émigre à son tour avec sa jeune femme et leur bébé. Litzy, clandestine, travaille dans le New Jersey mais son fils qui y est né a la nationalité américaine. Angie part de Somalie pour tenter sa chance mais la route est longue et les obstacles terribles.
C’est le second roman de Guillaume Poix (Les fils conducteurs, Les Notes septembre 2017), dramaturge et metteur en scène. Le récit, à la construction originale bien maîtrisée, mêle temps et lieux, et dessine des hommes et des femmes dont les vies et les voix se déploient et se répondent. Tout à fait d’actualité, c’est un livre politique sans pathos et sans concession qui montre les rêves des clandestins aussi bien que leur quotidien de misère et d’angoisse. Et au-delà, l’auteur s’intéresse aux femmes, ces mères réfugiées ou restées au pays, aux liens familiaux si forts et qui se brisent pourtant sur le malheur. L’éclatement d’une famille française nous interroge sur le regard que nous posons sur les migrants : compassion, rejet, indifférence ? Inspiré de faits réels, servi par une écriture fluide, parfois poétique, qui colle aux personnages et un vrai sens du romanesque, ce roman dur, émouvant, ne peut laisser indifférent. (B.D. et M.Bo.)