L’auteur-narrateur a accepté un poste d’attaché culturel à Wuhan, où il arrive à l’automne 2019. Amoureux du chinois et des Chinois, comme il l’écrit lui-même, c’est son troisième séjour dans le pays ; il y fut stagiaire en 1997-1998, chargé de vérifier la qualité d’objets expédiés ensuite en France, et responsable d’une alliance française à Hangzhou entre 2008 et 2012. Hanté par un sentiment d’irréalité, il est frappé par la pollution atmosphérique qui dissimule le ciel, par l’ardeur de la Chine à vouloir incarner le Nouveau Monde, et bientôt il est terrifié à l’idée d’être surveillé.
Comme dans son précédent roman, Chroniques d’une station-service, Alexandre Labruffe ne propose pas une intrigue suivie mais une succession d’instantanés, anecdotes, impressions et réflexions sur le devenir de la Chine ; vignettes fatalistes, absurdes, surprenantes, sinistres, philosophiques, poétiques… Le fil rouge, son séjour à Wuhan puis l’épidémie (il passera le confinement en France), est entrecoupé de souvenirs de ses précédents séjours. Spectateur fasciné, nonchalant, paranoïaque, curieux, déstabilisé, il tisse un portrait saisissant de la Chine actuelle, dystopique, produit inquiétant du capitalisme aveugle, de la consommation à outrance. La fin en France est moins intéressante. (M.D. et A.-M.D.)