Lettonie, Riga, Noël 1906. Un homme jeune, traqué, profite de la fête foraine pour kidnapper trois enfants qu’il séquestre dans la chambre d’un luxueux hôtel ; il partage avec eux un Noël « fastueux » avec arbre et cadeaux ! La police les retrouve sains et saufs quelques jours plus tard, le temps pour l’homme, Rudolfs, d’écrire le Journal de sa vie, de son enfance à cette année 1905, celle de la Révolution dans laquelle, malgré lui, il s’est engagé, par haine d’Arvids – son voisin et ancien ami de La Butte-aux-Coqs, celui qui a réussi – et a tué accidentellement un enfant…
Osvalds Zebris signe un roman dense qui mêle petite et grande Histoire et analyse la Révolution et les mouvements sociétaux avec le prisme de ses deux principaux personnages, issus du même village : Rudolfs, l’antihéros, rattrapé par la violence ; Arvids, qui grâce à l’éducation, s’élève dans une société qu’il rêve de changer démocratiquement. Cependant, l’histoire individuelle importe moins ici que celle d’un pays pris en tenaille entre ses aspirations et sa capacité à y accéder, gangréné par l’antisémitisme, l’alcoolisme, une certaine corruption et les divergences des oppositions. Difficile de tout concilier dans un même roman et d’y réussir ! (M.-T.D. et T.R.)