Pour protéger sa femme et ses deux filles d’une pandémie mortelle transmise par les oiseaux, un citadin a installé sa famille dans un habitat précaire en pleine forêt, refuge qui les isole de la contamination et d’éventuels survivants. Gemma, la plus jeune, est la seule à n’avoir pas connu le monde d’avant. Son père l’a initiée à la chasse à l’arc et au couteau, et l’autorise à parcourir la montagne dans les limites strictes qu’il impose par sécurité. Un jour, la toute jeune fille fait une découverte qui va bouleverser l’équilibre apparent de la cellule familiale.
Loin de la robinsonnade, le second roman de Laurine Roux est beaucoup plus qu’une ode à la nature, évoquée de façon exceptionnelle. Ce huis clos paradoxal, entre verdure et azur, au milieu de paysages ponctués par les barreaux des troncs d’arbres, enferme des personnalités subtiles, émouvantes ou effrayantes, et met en scène la combinaison complexe des liens familiaux avec une féroce lucidité. Quand l’harmonie familiale, sauvage et douce, vole en éclats devant la folie de plus en plus dominatrice du père, la jeune héroïne comprend peu à peu les manipulations affectives qui l’aveuglent ; elle oppose bientôt la transgression réfléchie au mensonge et à la perversité. Une belle sensibilité et un immense talent de conteuse font de ce récit survivaliste un texte emblématique et universel sur les combats d’une enfant pour l’amour et le respect du vivant. (T.R. et J.G.)