Les malédictions

PIÑEIRO Claudia

À Buenos Aires, Roman est devenu « par hasard » l’alter ego du leader charismatique d’un nouveau parti politique. Coach sportif, confident, indispensable, il fait partie de la famille jusqu’au jour où les exigences de son mentor l’obligent à dépasser certaines limites morales. Le voilà pris dans un engrenage qui va bouleverser sa vie.

Claudia Piñeiro (Une chance minuscule, Les Notes mars 2017), avec un art consommé de la mise en scène, dévoile petit à petit le passé de son héros et les clés d’une mystification rocambolesque. Histoire qu’elle fait alterner avec une plongée dans le milieu politique argentin passé et présent où la quête du pouvoir est sans limite. En outre, les références historiques et géographiques sur l’Argentine, l’étonnante genèse de La Plata – ville des Diagonales et capitale de la province de Buenos Aires – permettent de découvrir ce pays, son atmosphère étrange, quasi mystique, ses superstitions. Elle insiste longuement, exemples à l’appui, sur les vieilles croyances selon lesquelles les gouverneurs de cette province, candidats à la présidence, feraient l’objet de malédictions. Vient se greffer sur cet arrière-plan un drame humain, émouvant et plein de suspense, où s’affrontent personnages sans foi ni loi et figures attachantes, tous bien campés. C’est un heureux mélange, très original : à la fois documentaire sur l’Argentine, thriller, réflexion sur le cynisme et l’absence de morale en politique, sur la lutte ambiguë entre le bien et le mal et enfin fine analyse de la découverte du sentiment paternel. (V.A. et M.-N.P.)