Sam Zabriski, de passage par Saint-Airy, a un coup de cœur pour une vieille maison, qu’il décide d’acheter et réhabiliter. Lui, au passé aussi nomade que mystérieux, au sexe indéterminé (neutre, stipulent ses papiers), décide de se fixer dans un lieu, enfin. Si certains, surtout certaines, l’accueillent sans arrière-pensées, ce n’est pas le cas des « notables » du village, que sa double étrangeté dérange. Mais Sam est décidé à rester, coûte que coûte. Quand il découvre un « trésor » dans la cave de son voisin trafiquant, il se met à rêver de sauver d’autres vieilles pierres…
Le « il » employé dans le résumé pour qualifier le héros n’est pas le choix de l’auteur, qui développe une grammaire neutre pour le désigner : au « iel » de l’orthographe inclusive s’adjoint toute une gamme de terminaisons – ce qui peut gêner ou pas à la lecture. Le roman est une chronique chabrolienne d’un village, de sa géopolitique un peu rance reflétant celle d’un pays post-covid, dont la description oscille entre ironie savoureuse et satire au vitriol. C’est également le drame d’un être qui n’a sa place dans aucune case et aucun lieu, se sent interdit d’aimer ou d’être aimé et finit par trouver refuge dans une mystique. Inventif dans son vocabulaire, dynamique dans sa narration, original dans son entrelacement de thèmes, un roman réussi. (M.D. et S.H.)