Badroulboudour

FROMENT Jean-Baptiste de

Faute d’une meilleure idée ou envie, Antoine Galland, jeune père séparé et désemparé, emmène seul ses deux petites filles au Kloub, un centre de vacances à thème en Égypte. Cette année tout tourne autour de la fascinante Badroulboudour, la promise d’Aladin dans le célèbre conte oriental. Antoine est spécialiste universitaire de l’arabe littéraire et connait bien l’histoire de son homonyme Antoine Galland (1646-1715), traducteur des Mille et Une Nuits à qui l’on doit l’ajout apocryphe de l’histoire d’Aladin ou la Lampe merveilleuse. Mais pas sûr que cela l’aide à comprendre le jeu étrange que jouent vacanciers et organisateurs.

C’est de nouveau un conte faussement naïf que Jean-Baptiste de Froment livre dans ce deuxième roman. Sur fond de pacotille exotique et de consumérisme touristique ridicule, il remet sérieusement en question la soi-disant domination occidentale sur la littérature… pour commencer. Car dans un tourbillon de manipulations d’opinion en tous sens, il va jusqu’à la dénonciation du post-colonialisme et des alliances occidentales avec les dictatures arabes. Tout cela sans quitter le ton drôle et raffiné qui est aussi celui des contes orientaux. Au passage, un véritable hommage est rendu à l’imagination féminine à travers les temps, avec la pionnière Shéhérazade qui a donné l’exemple de la résistance à la violence par l’intelligence ! Joyeux, instructif, malin. (T.R. et M.D.)