Violette est garde-malade, à Meudon, d’un vieux corps démuni – celui de Lucette Destouches, veuve de Louis-Ferdinand Céline – baigne dans son intimité et souffre souvent de l’ingratitude de sa tâche. Étudiante, elle avait postulé pour ce job d’été afin de financer ses études, mais, vaincue par la danseuse et son sourire charmeur, elle y restera vingt ans…
Si le début est rude, la description du corps vieillissant assez rebutante, dès le décor posé et l’indicible franchi, l’écriture s’assouplit, prend une belle amplitude, devient voluptueuse. Elle sert, dans ce premier roman, l’évocation savoureuse de deux vies parallèles, l’une au service de l’autre. Dans la maison poussiéreuse aux néons défaillants où les employés ont créé leur propre univers, Sandra Vanbremeersch décrit la vie peu ordinaire mais sans éclat d’une jeune femme qui s’éteint et s’efface auprès d’un corps qui s’amenuise. Au rythme des mercredis fades et des samedis joyeux, des frasques animalières et des visites hautes en couleur et quand l’escalier pleure les pas de la danseuse, elle égrène confidences et souvenirs, effleure délicatement les caprices et les gourmandises en un butinage allègre sur « un lit d’anecdotes ». Le charme de la Dame se déploie dans ce roman piquant mais tendre, semé de petits bonheurs et de grands désenchantements. (Maje et R.C.G.)