Mississipi, premier tiers du XIXe : Isaiah et Samuel sont deux jeunes esclaves de la plantation Halifax qui compte un grand nombre de leurs semblables. Ils ne savent d’où ils viennent ni qui sont leurs parents. Tous deux se consolent de leur sort dans les bras l’un de l’autre, sourds aux injonctions de leurs propriétaires qui voudraient les faire « se reproduire » pour augmenter le « cheptel » du domaine. Et puis il y a Timothy, le fils du maître, parti étudier dans le Nord et acquis aux idées nordistes, Amos un autre esclave converti à la foi chrétienne par le maître et quelques autres tels que Maggy, Puah, Essie, acteurs du drame qui se prépare…
C’est l’histoire d’un amour interdit, scandaleux pour l’époque, une histoire terrible qui revient de façon magistrale sur la triste et honteuse époque de l’esclavage où les Noirs étaient considérés comme n’ayant pas d’âme et traités pire que des animaux. On entre dans leurs pensées intimes, leurs souffrances, leur incompréhension, leurs visions salvatrices qui leur permettent d’échapper à un réel intolérable. Ce très long premier roman dur, magnifique par sa puissance évocatrice, par son écriture empreinte d’une poésie et d’un lyrisme parfois excessifs, obscurs, déconcertants, traversé de flash-back sur le rapt d’un peuple noir heureux et libre, se revendique de James Baldwin, fait aussi penser à Toni Morrison. Journaliste, créateur d’un site pour la justice sociale, Robert Jones Jr cite en fin d’ouvrage de nombreux amis et rencontres qui ont été à l’origine de ce livre. (M.-N.P. et C.R.P.)