Accusée de meurtre, Marianne est incarcérée dans l’attente de son procès. Elle subit de plein fouet les horreurs de l’environnement carcéral : promiscuité, saleté, dureté du personnel, haine et violence des prisonnières ; mais elle y trouve aussi le soutien de deux détenues et d’un correspondant de prison. Quand elle découvre sa grossesse, se pose alors le choix crucial de garder ou non son enfant.
Dans ce premier roman, l’auteure, cinéaste et poète, a choisi de donner la parole à son héroïne sous la forme d’un long monologue. Dans des phrases courtes, groupées en petits paragraphes, d’une poésie parfois rude, elle déroule son triste quotidien, les rêves et sentiments qui l’habitent et les rares retours en arrière concernant l’amour qu’elle porte à son mari disparu. On ressent une sorte de divorce entre la peinture pragmatique de la vie carcérale et la psychologie floue de Marianne, plus instinctive que structurée, livrée par touches acérées, alternant douleur insupportable et effondrement intérieur. Cette succession de petites entités à l’écriture travaillée accentue l’impression d’irréalisme dans le réalisme et la chute de l’histoire se fait dans le même esprit. Original ou agaçant, émouvant ou artificiel, le portrait de cette détenue ne saurait laisser indifférent. (L.K. et A.Le.)