Il a vu Pinochet dans sa Mercedes bleue ! Gonzalo est alors âgé de quatre ou cinq ans. Sa mère « l’aime tant que c’est insupportable ». Son père, antiquaire, distant, achète plus qu’il ne vend, et constitue surtout sa « Collection privée » d’objets et de meubles anciens. Gonzalo l’accompagnera parfois dans ses tournées d’achats. Mais à son désespoir, ses parents se séparent, et La Paula remplace sa mère. Étudiant, il découvre la littérature, devient assistant à l’Université, rencontre une étudiante…
Gonzalo Eltesch, sentimental, mélancolique, égraine ses souvenirs, chaque épisode s’insérant en vis-à-vis d’un présent assez morose : il n’a jamais connu de relation amoureuse stable, dit-il. Et il n’hésite pas à faire mourir dans son récit ses deux parents alors qu’ils existent toujours, désireux de « trahir leur mémoire » tout en souhaitant qu’ils ne s’éloignent pas de lui. Reniement de son enfance et de sa famille qui ne manque pas d’ambivalence… L’histoire, apparemment autobiographique, se passe à Valparaiso où est né l’auteur en 1981. Terres lointaines qui ne semblent pas différentes des nôtres, on y vit, on y rit et on y pleure de la même façon. La tranquille sincérité du récit attache le lecteur. (M.W. et C.P.)