Une jeune femme s’enfonce dans la forêt à la poursuite d’une forme qui lui semble familière. Elle est rejointe par un jeune homme, un amoureux discret, qui la suivait. Il la met vivement en garde et veut l’aider à comprendre ce qui vient de se passer.
Dans le premier roman de la jeune Coréenne Hwang Jungeun (Je vais ainsi, Les Notes septembre 2021) le fantastique, au cœur de ce récit, se manifestait sous la forme d’apparitions récurrentes d’ombres menaçantes à l’affût d’un moment de faiblesse des êtres qu’elles cherchent à posséder. L’auteure décrit pourtant un monde bien réel, mercantile, cruel, qui menace les activités commerciales traditionnelles des échoppes à peine rentables, tenues par de vieilles personnes au statut très modeste. Une histoire d’amour, singulière, douloureuse et pudique entre deux employés d’un marché d’électronique, sur lequel plane un risque de démolition, vient éclairer ce récit mélancolique qui dénonce l’indifférence face aux solitudes de ceux qui sont en marge du système. Difficile de ne pas succomber au charme subtil et envoûtant d’une plume sous tension, fine et poétique, qui donne vie à des personnages marginaux très touchants qui ont encore la force de résister à leur ombre. Une radioscopie de la Corée moderne très originale. À découvrir. (R.C.G. et A.K.)