V2

Novembre 1944 : Kay Caton-Walsh, Section Officer de la Women’s Auxiliary Air Force, voit l’immeuble où elle faisait l’amour avec un officier marié de la RAF, éventré par un V2. Ils s’en sortent miraculeusement. Dans la banlieue de la Haye, 300 km à l’est, où se terre une base de lancement de V2, le Colonel Huber, vieil artilleur de la Wehrmacht qui commande la base, accueille le Sturmbannführer SS Biwack. Parmi ses équipes figure le Dr Rudi Graf, spécialiste de la mise à feu des fusées, sa passion depuis vingt ans, partagée avec le charismatique Werner von Braun, dont il reste proche. Pièces d’un dispositif dont ils ne sont que les pions, Kay et Graf s’affrontent indirectement pour s’anéantir mutuellement.

Dans ce nouveau roman historique, documenté et évocateur, et dont il s’est fait une spécialité, Robert Harris (Munich, Les Notes décembre 2018) évoque avec talent la course de vitesse, sur fond de technologie sophistiquée, entre les Allemands, conscients d’avoir perdu la guerre, mais contraints par une minorité fanatique à la poursuivre, et les Britanniques qui doivent se protéger. C’est à ce jeu d’échec incarné par deux personnages, avec la mort pour enjeu, que le roman, qui déroule alternativement leurs récits, doit son intérêt. Facile à lire, malgré une traduction médiocre, ce roman évoque justement la vie des combattants du nord de l’Europe, tout en retraçant le destin des fêlés d’aéronautique, d’abord compromis avec le régime nazi, avant de basculer opportunément dans le camp américain. Pas incontournable mais bien fait. (D.M.-D. et B.T.)