Sans loi ni maître

PÉREZ-REVERTE Arturo

Au bar de l’Abreuvoir, rendez-vous incontournable des habitués du quartier, les brèves circulent et on s’inquiète : personne n’a de nouvelles de Teo ni de Boris le Beau. Informé, Negro, croisement de mâtin espagnol et de Fila Brasileiro, lutteur à la retraite, soupçonne un enlèvement et part à la recherche de ses deux amis, quitte à retourner vers son ancienne vie.

Ce roman bien rythmé, à mi-chemin entre fable et roman noir, nous entraîne dans l’enquête d’un héros canin. Le narrateur, chien au grand cœur, pas très intelligent selon lui, solitaire et désabusé, preux défenseur des causes justes, est prêt à risquer sa vie pour sauver ses amis. Arturo Pérez-Reverte (Eva, Les Notes novembre 2019) a écrit un texte court, diatribe contre la maltraitance animale, et l’inscrit dans un univers brutal où les chiens sont les otages de la cupidité ou de la lâcheté des êtres humains qui les ont dénaturés ou abandonnés. Au premier degré, l’anthropomorphisme « décomplexé » de l’auteur, efficace, parfois lourdingue, peut hérisser le poil mais l’humour et les situations cocasses l’emportent. Ces vies à hauteur de chien, loupes grossissantes de nos sociétés contemporaines, nous interpellent. Cette lecture sous tension, malgré des scènes prévisibles, retient le lecteur jusqu’au dénouement. (R.C.G. et L.C.)