Le narrateur, critique de cinĂ©ma, est Ă Tokyo pour quelques jours, sur le tournage d’Alone in Tokyo, un film de zombies, pendant que sa mĂšre perd la tĂȘte dans une maison de retraite Ă Gentilly. PerturbĂ© par le dĂ©calage horaire, il arrive en retard sur la scĂšne du tournage, le temps d’interviewer le rĂ©alisateur mais pas l’actrice principale, la cĂ©lĂšbre Aurore Granger. D’autant qu’un violent tremblement de terre survient, semant la panique, bouleversant tous les plans. Alors que le Mont Fuji, entrĂ© en Ă©ruption, embrume la ville d’un nuage de cendres, le narrateur qui retourne vers son hĂŽtel est sommĂ© par son rĂ©dacteur en chef de retrouver Aurore Granger pour une interview exclusive.
L’auteur s’amuse avec le monde du cinĂ©ma, offrant une satire lĂ©gĂšre d’un rĂ©dacteur en chef plus prĂ©occupĂ© de cĂŽtoyer des stars que de discuter films, d’un rĂ©alisateur cyclothymique aux prĂ©tentions intellectuelles, d’une actrice vieillissante et coquette, mĂ©lange savoureux de comĂ©diennes connues. Mais le livre est surtout un rĂ©cit d’errances ; celles, initiales, dans le Tokyo nocturne, celles, fantomatiques, sans repĂšres, dans l’atmosphĂšre apocalyptique d’une citĂ© nĂ©buleuse et semi-dĂ©truite, qui font Ă©cho Ă l’errance de la mĂšre du narrateur dans sa mĂ©moire en miettes ; errance, Ă©galement, des comportements perturbĂ©s par le cataclysme. L’Ă©criture Ă©lĂ©gante, Ă©vocatrice, offre de belles descriptions prĂ©cises, spectaculaires parfois, et un voyage apaisĂ©, doux-amer, aux confins du rĂ©el. (M.D. et S.H.)