Aux commandes d’une rame du métro parisien, Jacques transporte une foule bigarrée de travailleurs et de voyageurs de passage. Il affectionne tout particulièrement la ligne 6 avec ses roulements sur pneus et ses vues aériennes de la capitale. Le conducteur met en lien une cohorte de marginaux, rivaux ou solidaires à leurs heures, qui hantent rames et couloirs avec leur gouaille de titis parisiens.
Dans ce monde souterrain se tissent des histoires du quotidien. L’agent de la RATP, son collègue poète et surtout sa truculente et excentrique épouse Madeleine réussissent par leur empathie à ré-enchanter le temps passé dans les transports. Après son premier roman remarqué sur l’univers des gens du voyage, Céline Laurens (Là où la caravane passe, Les Notes septembre 2021) dresse des portraits de gens aussi cabossés qu’étonnants. René-Charles, le Breton alcoolisé, propose du Céline Dion avec sa voix de fausset ; Amandine, la jeune junkie en rupture familiale, cherche refuge dans les voitures ; d’autres philosophent ou prêchent à leurs heures. Une ode à la solidarité, une écriture originale et émouvante qui fait la part belle à une touchante histoire d’amour vécue « Sous un ciel de faïence », clin d’œil au poinçonneur des Lilas de Gainsbourg. On s’amuse vraiment de ces chroniques poétiques du « petit monde » des transports publics. (S.D. et A.-M.G.)