Archiviste, il avait le culte du rangement et des dossiers. LicenciĂ© pour cause dâinformatisation, il entrepose dans sa cave ses annĂ©es de travail et continue, seul, Ă dĂ©couper et Ă classer. Il se remĂ©more Franziska, son premier amour devenue chanteuse populaire… et dont il extrait sa carriĂšre dâartiste de ces prĂ©cieux cartons. AprĂšs trente ans de silence, il la contacte. Quâest devenue Franziska, Fabienne sur la scĂšne, mais aussi qui est cet homme misogyne en Ă©tat permanent de questionnements ?
Le romancier suisse Peter Stamm (La douce indiffĂ©rence du monde, Les Notes septembre 2018) fait le portrait dâun homme tournĂ© vers le passĂ©, spectateur de sa vie, bloquĂ© devant toute dĂ©cision qui briserait son monotone quotidien. II y a eu des femmes de passage, mais aucun dĂ©sir dâune vie Ă deux. Les Ă©crits remplacent la vie vĂ©cue et les liens sociaux… Il rĂȘve lâamour et craint son accomplissement. Pourtant, il aime ou croit aimer son amie dâenfance. A-t-il ratĂ© sa vie, cet ĂȘtre lucide, distanciĂ© de lui-mĂȘme qui Ă©volue dans une atmosphĂšre mĂ©lancolique ? Dans un long monologue, au style indirect et aux phrases courtes, le narrateur nous introduit dans un rĂ©cit intimiste, existentiel, sensible, laconique et pourtant prenant qui mĂȘle fascination et dĂ©sespĂ©rance. (A.C. et M.-F.C.)