Dès le départ, les conditions ne sont pas vraiment idéales pour Skander : abandonné tout petit par une mère dysfonctionnelle, placé en banlieue parisienne chez Madame Khadija très intéressée par l’argent que lui rapportent les enfants de l’Aide Sociale à l’Enfance, et entraîné par les caïds de la cité dans les bagarres et la délinquance. Son destin est-il pour autant tout tracé ?
Dans ce premier roman, Mokhtar Amoudi pose la question du déterminisme en suivant le parcours d’un enfant devenu adolescent. Il s’accommode des nombreux déboires de sa vie et d’un environnement affectif défaillant. Pour avoir la paix, le jeune garçon, pourtant doué pour les études et avide d’apprendre, fait comme tous les autres et plonge dans les combines et trafics. Il ne cherche pas d’excuses à son comportement, avoue avoir pris goût à l’argent facile de la drogue. Là, si la tendresse rôde elle est clandestine, elle ne se dit pas. Pourtant, son itinéraire lui permet des rencontres avec quelques adultes bienveillants et exigeants, et de bénéficier aussi d’une omniprésence soucieuse de l’évolution de sa personne, celle de l’ASE. Sa ruse, son intelligence lucide les reçoivent comme de véritables graines de résilience pour échapper au vase clos tentateur de son entourage et croire en son avenir. Écrit à la première personne, le style impressionne par une simplicité mature, sans misérabilisme, sans auto complaisance, parfois émaillé d’humour ou de formules fraîches. Un premier roman, un parcours neuf dans une « cité ». (A.-M.Gi. et C.R.P.)