GrĂące Ă une maigre bourse, Sara entreprend des Ă©tudes littĂ©raires dans une grande universitĂ© britannique bien loin de Kummarapet, petite ville de lâUttar Pradesh oĂč elle a vĂ©cu jusque-lĂ . Pour rompre son isolement, elle frĂ©quente assidument un atelier de poterie. Elle se souvient dâElango, le remarquable artisan qui, issu dâune longue lignĂ©e de potiers, lâa initiĂ©e Ă cette pratique. Le passĂ© se raviveâŠ
Le rĂ©cit Ă la premiĂšre personne de la narratrice, oĂč elle dit son quotidien solitaire en Angleterre, est entrecoupĂ© par les souvenirs de sa jeunesse qui sâimposent Ă elle, heureux et terribles Ă la fois. Une journĂ©e dâĂ©meute dix ans auparavant a dĂ©truit par le feu le gigantesque cheval de terre cuite crĂ©Ă© par le potier hindou qui osait aimer une musulmane. Sur ce cheval, nĂ© dâun songe, il avait, ĂŽ sacrilĂšge, fait graver des poĂšmes arabes. Ce rĂȘve dâunion des cultures a explosĂ© sous les coups de lâintolĂ©rance. Anuradha Roy (Toutes les vies jamais vĂ©cues, Les Notes mars 2020) excelle Ă rendre sensible lâattachement indĂ©fectible des hommes Ă la rĂ©gion oĂč ils vivent, la force des relations individuelles qui permettent malgrĂ© tout de tempĂ©rer les ravages destructeurs de la pauvretĂ© et de lâextrĂ©misme religieux. Un livre lumineux irriguĂ© par lâĂ©motion. (C.P. et A.-M.G.)