Chumbo nous plonge dans l’histoire chaotique des Wallace et de leur entourage, famille bourgeoise de Belo Horizonte, ballotée dans les secousses d’un Brésil du XXe siècle en plein développement. Une saga riche d’une galerie de personnages sympathiques ou détestables finement représentés, dont les destins s’entremêlent entre amour, dépendance, trahison et violence… dans les quotidiens d’Oswaldo Wallace, le père, industriel truculent, hyper-actif, conservateur et sans état-d’âme, de Severino le fils aîné peu charismatique, journaliste et écrivain, plein de grands idéaux mais en éternelle quête de reconnaissance, en passant par Adélia, l’une des soeurs, bigote et rigide mais fidèle et serviable, ou encore Ramirès le fils cadet, séducteur, lâche, réactionnaire et malhonnête…
L’auteur nous fait vivre les heures glorieuses ou sombres de ce pays écartelé. Il nourrit son œuvre de multiples références culturelles (politique, littérature, architecture, musique, gastronomie, football, publicité…) pour nous immerger le plus fidèlement possible dans ce Brésil complexe et luxuriant.
Le dessin noir et blanc de Matthias Lehmann est foisonnant et envoutant. Pleine de détails, de mouvement, de contraste, les cases s’enchaînent avec un rythme effréné et retranscrivent à merveille ces destinées débordantes. Ses personnages aux expressions presque cartoonesques sont traités tels de parfaits anti-héros et nous ravissent autant qu’ils nous dégoûtent.
Il en résulte une fresque trépidante et déroutante qui se lit avec une vraie délectation.
Le livre contient des scènes de sexe qui ne sont pas adaptées à un lectorat jeune.
(BB)