Madame de Sévigné

HAROCHE-BOUZINAC Geneviève

« Observatrice attentive de son siècle » selon Geneviève Haroche-Bouzinac, Madame de Sévigné dévoile à travers ses lettres une personnalité attachante et un témoignage sur la vie de l’époque, l’auteure rappelant toutefois que le genre épistolaire obéit à des codes précis : il doit distraire et plaire. Orpheline à neuf ans, veuve à vingt-cinq d’un époux volage et dépensier qui brade leur patrimoine, la Marquise, mère de deux enfants très aimés, connaîtra des soucis financiers incessants. Elle évoque sa vie privée, celle des veuves et mères sous Louis XIV, ses problèmes immobiliers, vestimentaires, son goût pour la nature, ses affections et amitiés très précieuses, révélant la force des clans familiaux. Ravissante, intelligente et cultivée, reçue à la Cour, elle fréquente la fine fleur de la noblesse et le monde politique. Ses voyages en Bretagne, Bourgogne et Provence lui permettent d’entretenir des liens avec les aristocraties locales vivant de plus en plus difficilement de leurs revenus fonciers. Favorable à la noblesse frondeuse, amie intime de Fouquet, elle est proche des Messieurs de Port-Royal ; elle tremble pendant les guerres pour son fils officier, s’exaspère des révoltes bretonnes. Indépendante, espiègle, naturelle ou étincelante, elle séduit par sa fraîcheur, son humour et la fidélité de ses amitiés lorsqu’elle pratique le « rabutinage » avec son cousin Bussy-Rabutin ou le « bavardinage » avec son trio de copines. Une biographie savante mais alerte, dotée d’un solide appareil documentaire, qui se lit avec un plaisir extrême. (M.W. et A.Be.)