Théo le campagnard est impressionné par le récit que lui fait son ami Léo de la vie en ville. Après mûre réflexion il enfourche son vélo pour lui rendre visite. Effectivement la demeure est grande, pleine d’objets surprenants, de nourritures alléchantes, mais aussi pleine de danger et de chausse-trappes ; de grands pieds menaçants surgissent partout à l’improviste, tout comme le monstre poilu aux griffes acérées et au faux air endormi. Après tant d’émotions, le lendemain, faisant « fi du plaisir que la crainte peut corrompre », Théo retourne chez lui, dans les hautes herbes sécurisantes.
Une version attrayante de la fable de Jean de La Fontaine, Le rat des villes et le rat des champs, dans une illustration vue à hauteur de souris. L’aventure trépidante des deux respectables rongeurs se déroule dans une demeure très british du 19ème siècle. Le graphisme dans une déclinaison de blanc/grisé est fin et précis, et l’immense évier, ses porcelaines neigeuses et ses casseroles aux reflets métalliques, devient aux yeux du raton un obstacle infranchissable où flotte mille embarcations. Dans cette illustration vivante, les scènes de fuite, quasi cinématographiques, se déroulant sur double page entretiennent un suspense crescendo jusqu’au gros plan de la gueule béante du félin aux griffes acérées. Un superbe album aux détails soignés, tendre, drôle et effrayant à la fois. (A.T.)