Ă cinquante et un ans, Jeanie et Julius vivent toujours sous la coupe de leur mĂšre dans un vieux cottage dĂ©labrĂ© et isolĂ© prĂšs dâun village anglais. Lorsque celle-ci meurt brutalement, ils sont dĂ©semparĂ©s, sans un sou, bientĂŽt chassĂ©s de leur maison et du jardin qui leur permettait de survivre. Jeanie est fragile et malade du cĆur, tandis que Julius cherche des petits boulots, va au pub et dĂ©couvre lâamourâŠ
Claire Fuller (Un mariage anglais, Les Notes mai 2018) excelle dans la description des Ăąmes et des cĆurs et, ici, dâune famille trĂšs pauvre et de lâatmosphĂšre du village. Elle suggĂšre, rĂ©vĂšle par des gestes, des attitudes, les pensĂ©es profondes et le caractĂšre de personnages plus complexes quâil n’y paraĂźt. La description de ces jumeaux Ă la fois misĂ©rables et fiers, qui ont froid et faim, mais ont tellement honte qu’ils Ă©vitent les contacts, sont perdus, refusant dâĂȘtre aidĂ©s, qui partagent tout est Ă la fois implacable et empathique. S’ils jouent de la musique ensemble avec fougue et talent, ils peuvent aussi se dĂ©chirer. Le passĂ© est omniprĂ©sent, les mensonges et les secrets de la mĂšre refont surface ; ils sont incapables dâaffronter le prĂ©sent et la modernitĂ©, mais se battent. Finalement, de cette grande misĂšre il pourrait sortir un bien. Un roman psychologique original, dur, sans concession, mais aussi tout en finesse. (V.A. et A.Le.)