Frappabord

Québec, de nos jours. Théodore, ouvrier dans une usine de ressorts, mène une vie monotone entre son travail répétitif et les visites à son grand-père sénile à l’hospice. Un sévère épisode de canicule provoque l’apparition d’une nuée de mouches piqueuses appelées frappabords. Comme Théodore, la population est exaspérée par la chaleur excessive et l’omniprésence des insectes.

Sur l’île de Grosse-île, 1942. Thomas, entomologiste réquisitionné par l’armée canadienne, travaille dans un laboratoire secret sur des projets d’armes bactériologiques.

Cette fiction s’inspire de faits historiques : des recherches sur l’anthrax et la peste bovine ont réellement été menées à Grosse-île au Canada entre 1942 et 1956. Des expérimentations sur des insectes pour les utiliser comme vecteurs de contamination ont été aussi conduites aux États-Unis. Après avoir mené son enquête, Mireille Gagné imagine deux récits, le premier de nos jours, le second pendant la seconde guerre mondiale reliés l’un à l’autre par les frappabords. Elle fait intervenir comme personnage à part entière une femelle frappabord en colère contre les humains qui détruisent son environnement. Cette habile personnification de cette mouche a pour but de renverser les rôles et d’interroger notre conscience collective : Peut-on se croire tout permis, surtout dans le domaine de la science, détruire le vivant et ne pas en assumer les conséquences ? C’est original, captivant et surtout d’actualité : une belle piqûre de rappel à l’heure des pandémies et bouleversements climatiques. (C.H et J.G)