L’Olympia ! A Paris, la France a sa star du music hall. Bruno Coquatrix, son propriétaire, y a fait applaudir Dalida, Claude François, Guy Béart, Richard Anthony, Georges Moustaki. Toutes ces vedettes ont en commun d’être nées en Egypte. Or, nous sommes en 1967 et l’Egypte fête les dix ans de la nationalisation du canal de Suez. Pourquoi, justement, se dit Bruno Coquatrix, ne pas en profiter pour présenter à L’Olympia un talent de la chanson égyptienne ? Il se rend au Caire et déniche l’oiseau rare : Oum Kalsoum, « L’astre de l’Orient », chanteuse idolâtrée dans les pays de langue arabe. Mais la faire venir va s’avérer être une tâche particulièrement difficile. Le politique va s’en mêler. Jusqu’à Malraux, jusqu’au Général de Gaulle, qui voit là une excellente occasion de réchauffer les relations entre la France et l’Egypte. Oum Kalsoum devient une arme politique. Bruno Coquatrix va-t-il pourtant réussir à faire venir, et applaudir, à l’Olympia une artiste égyptienne, diva en son pays, totalement inconnue en France ?
Martine Lagardette (Vive les vieux, Petit oursin, Théophilia Werner) et Farid Boudjellal (L’Oud, Petit Polio), signent avec Oum Kalsoum, l’arme secrète de Nasser un ouvrage particulièrement séduisant. Tout y est : l’histoire, véridique, sur fond de relations internationales, les différences de sensibilités entre peuples, le graphisme très réussi du volume, le tempo, le suspense : on est à l’Olympia, on applaudit.
(BL)