Elle est née d’une mère française et d’un père algérien, juste après l’indépendance de l’Algérie. Ses parents se sont connus étudiants, en France, en pleine guerre, et ils ont partagé le même idéal d’un pays libéré du colon usurpateur. Mais les événements démentent cruellement cet optimisme. La haine l’emporte, attisée par la mainmise de la religion sur un peuple en quête d’identité.
Comment vivre en Algérie pour ces couples mixtes où l’épouse est désormais perçue comme une étrangère, et l’enfant désignée comme « la fille de la Française » ? L’autrice, dont c’est le premier roman, a visiblement vécu une situation comparable – cet entre-deux délétère – car, quoiqu’algérienne de nationalité, elle a dû s’exiler pour étudier sans contrainte. D’emblée l’émotion qui traverse le récit frappe par son intensité. Ici, dans une narration sans chronologie évidente, un labyrinthe, sentiments, idées et connaissances se mêlent avec naturel au souffle puissant, subtil de la poésie des souvenirs. Évoquer, affirmer jusqu’à l’obsession un pays fait des multiples traces d’un passé pluriel, telle est la trame charnelle de ce beau texte. Reviennent en même temps des gammes infinies d’odeurs, de couleurs, de sons, de goûts, dans ces paysages faits du miroitement du soleil sur la mer, de l’ombre rafraîchissante des arbres sur les jardins, du sable des plages. (A.Lec. et M.S.-A.)