Une jeune Tsigane fuyant un mariage arrangé trouve refuge sous la tente d’un homme mûr qui la prend sous son aile. Ce dernier, horloger de profession, campe en solitaire dans la montagne italienne proche de la frontière slovène. Il aide la jeune fille à couper et monnayer sa chevelure, la conduit à vélo vers la mer « qui arrête les gitans ». Elle est embauchée grâce à lui sur un bateau, apprend à lire et écrire, se marie…
Le dernier roman de l’écrivain italien revêt une forme originale comme dans Impossible (Les Notes juillet 2020). La première partie est un long dialogue entre les deux personnages où transparaît une part de leurs passés respectifs bien différents. L’horloger répare les montres qui mesurent le temps, il se considère comme un rouage dans la machine du monde. La Gitane intuitive avait un ours et un corbeau pour amis, est chiromancienne et s’adapte vite. Ils ne se reverront pas mais correspondent. Dans les parties suivantes, leurs missives alternent avec un cahier écrit par le vieil homme qui a disparu. Le suspense est savamment construit : progressivement sont dévoilés des secrets dont la dernière lettre de la femme est l’épilogue. Au centre, un jeu, le Mikado, qui apprend la douceur et la précision des gestes et la façon de passer inaperçu, qualités nécessaires pour… un métier particulier. Les thèmes de l’amitié, de la solitude, de la vieillesse sont illustrés par de belles formules. Un livre très dense et attachant. (L.G. et B.T.)