Orson Welles, l’artiste et son ombre

Incarné sous la forme d’un personnage de théâtre gigantesque, chapeau noir, manteau long, écharpe jaune, et son éternel cigare à la bouche dont les volutes envoute le décor dépouillé, Orson Welles lui-même vient rythmer, éclairer et critiquer sa vie de prodige incompris et contrarié, dans cette biographie singulière.

Ces séquences scéniques et dramatiques introduisent et segmentent une narration chronologique : sa jeunesse d’enfant génie, choyé par sa mère ;  ses multiples succès théâtraux avant même ses 20 ans ; son coup d’éclat radiophonique de la Guerre des Mondes qui lui ouvrit les portes d’Hollywood ; son chef d’oeuvre Citizen Kane qui, malgré le génie et la modernité exprimée dans cette oeuvre, marqua le début d’une confrontation avec les productions hollywoodiennes ; l’envie insatiable de créer des oeuvres radicales et exigeantes, cherchant des soutiens financiers qui rechignent à le suivre, et qui l’obligent à “se corrompre” jusque dans des publicités ; au final, la vie d’un artiste qui est probablement arrivé trop tôt pour son époque.

Le dessin en noir et blanc rythmé de jaune est puissant, graphique, dynamique. Les compositions sont variées apportant de l’énergie dans un livre très dense. Un contenu riche qui mérite un minimum de connaissance du personnage et de ses œuvres pour en apprécier l’histoire, au risque sinon d’être un peu perdu par moment. Il en résulte un livre avec du caractère et des aspérités à l’image de son sujet.

(BB)