A la fin de l’album Trois éclats blancs , on avait quitté Nonna le marin-pêcheur, Perdrix sa fiancée, le 2 aout 1914 à l’annonce de la mobilisation générale. Rentré dans son port breton, Nonna s’enferme dans un mutisme dont Perdrix avec ses sourires, le rappel de leurs bons souvenirs et des projets d’avenir ne peut le sortir. Il passe son temps à ressasser ses souvenirs de guerre, tellement douloureux qu’ils l’empêchent d’entreprendre quoi que ce soit.
Les récits sur la guerre de 1914-1918 sont nombreux, celui de Bruno LEFLOC’H se situe à hauteur d’homme entre mort, résignation, héroïsme, et fraternité, dans une guerre que les soldats n’ont pas voulue. La tonalité très sombre du récit sert aussi à valoriser le rôle des femmes des marins-pêcheurs gérant tout lorsque leurs hommes étaient en mer, très loin de l’image de femmes soumises et résignées. La lecture préalable de l’album « trois éclats blancs » n’est pas strictement indispensable, mais à conseiller pour gouter la force du récit complet montrant le contraste entre avant et après-guerre, entre bonheur, insouciance et malheur.
Le dessin de Bruno Le FLOC’H garde le style épuré de « trois éclats blancs » la palette de couleur sobre contribue à la force du récit. On retrouve également sa belle composition d’image sur des planches parfois en demi-format ou en plein format faisant penser aux tableaux des peintres bretons que Bruno Le FLOC’H affectionnait.
(XB)