Tout ira mieux

GRANDES Almudena

Un chef d’entreprise influent concocte un grand projet. La dĂ©mocratie corrompue est dĂ©savouĂ©e et le coronavirus a enseignĂ© que le souci de sĂ©curitĂ© et la peur permettent d’imposer des contraintes liberticides Ă  une population. Gouverner un pays comme une entreprise gĂ©ante permettra d’assurer efficacement que çà ira mieux. Le grand homme et sa complice crĂ©ent des Ă©quipes de hackers, de virologues et de vigiles, et un nouveau parti sans idĂ©ologie qui remporte les Ă©lections


C’est le dernier roman Ă  peine achevĂ© de l’excellente autrice espagnole, dĂ©cĂ©dĂ©e en novembre 2021 (Les secrets de Ciempozuelos, Les Notes mai 2022). Une Grande Panne prive soudain d’Internet les Espagnols qui n’ont plus accĂšs qu’à des informations Ă©troitement contrĂŽlĂ©es ; ils sont aussi strictement encadrĂ©s, mais peuvent tous consommer Ă  volontĂ©. Quatre grandes pandĂ©mies renforcent cette soumission. Une opposition d’extrĂȘme droite naĂźt Ă  l’intĂ©rieur de l’État. Parmi la population, une minoritĂ© n’est pas dupe. Ses membres utilisent les failles informatiques pour dĂ©noncer au pĂ©ril de leur vie les mensonges, les atteintes Ă  la libertĂ© et les exactions du pouvoir. Convaincront-ils ? Le suspense est bien menĂ©. Il est accompagnĂ© d’une ironie et d’un humour fĂ©roces. Les personnages sont trop nombreux, mais pas stĂ©rĂ©otypĂ©s. MĂȘme les cyniques organisateurs ont une part d’humanitĂ©. Une dystopie longue, parfois difficile Ă  suivre pour les non-spĂ©cialistes d’Internet, mais troublante de contemporanĂ©itĂ©. (L.G. et A.Lec.)