Belfast, 1993. Laissant derriĂšre elle la ville en proie aux attentats, la famille dâAbigeĂĄl, 16 ans, dĂ©mĂ©nage Ă Omaigh dans une grande maison dĂ©labrĂ©e, en bordure dâune Ă©paisse forĂȘt. Avec son petit frĂšre Joe, ils adorent lire le soir, blottis sous la couette, des histoires « horrifiques » qui leur occasionnent parfois des cauchemars. Elles font aussi Ă©cho aux phĂ©nomĂšnes Ă©tranges se produisant la nuit : grincements, bruits de pas, disparitions dâobjets, gĂ©missements du chien Oggy⊠La jeune fille dĂ©cide dâenquĂȘter sur le passĂ© de lâinquiĂ©tante demeure.
Une famille nombreuse dirigĂ©e par un pĂšre autoritaire, observant et imposant strictement la religion catholique, une adolescente tourmentĂ©e par ses doutes et une pubertĂ© tardive, une mĂšre Ă©teinte et soumise, un garçon malvoyant qui discerne ce que les autres ne perçoivent mĂȘme pas, un dĂ©cor forestier peuplĂ© dâune harde de cerfs justiciers… ces Ă©lĂ©ments crĂ©ent une atmosphĂšre rĂ©ussie autour de cette maison hantĂ©e par un lourd passĂ©. On se laisse peu Ă peu envoĂ»ter par cette subtile cohabitation du surnaturel et de la cruelle rĂ©alitĂ© des Magdalene laundries, ces blanchisseries tenues par des religieuses, censĂ©es laver les pĂ©chĂ©s des femmes « dĂ©chues ». La derniĂšre dâentre elles nâa fermĂ© quâen 1996, comme le prĂ©cisent les notes de lâautrice en fin de volume. Petit bĂ©mol : une fin rapide et trop explicative. (A.T. et M.-C.G.)