Il faut se méfier des saints : Lettres d’un hérétique peu excentrique

ORWELL George

Une anthologie de 20 lettres choisies parmi les 1700  environ qui ont été conservées d’une abondante correspondance. Signées soit de son nom de plume, George Orwell, soit de son patronyme Eric Arthur Blair. Toutes, sauf une, sont adressées à des hommes, entre 1920 et 1949, ce qui écarte l’effusion, la référence à l’intime plus fréquente dans la correspondance privée au féminin. Morceaux choisis, évidemment, avec la subjectivité assumée de celui qui les a choisis.

Ce que nous offre cette anthologie, c’est une réflexion sur ce quart de siècle traversé par un auteur qu’on connaît à travers son œuvre. C’est l’occasion de l’entendre sans le relais de la fiction, parler… du lien entre capitalisme et totalitarisme, dire que les nationalismes sont antidémocratiques, évoquer « les petits Führer à la De Gaulle » etc. Le choix judicieux des lettres et de leur regroupement aboutit à la biographie intellectuelle d’un acteur de ce siècle, intègre, défenseur de la liberté, respectueux de l’opinion dès qu’elle est affirmée comme telle, un humaniste, forcément « hérétique » sous le ciel des idéologies idolâtrées. On comprend le sens de sa formule : « Un être humain ferait mieux de se méfier des saints ».

Avoir choisi sa correspondance, le subjectif le plus absolu, pour faire le portrait d’un homme c’est l’idée extraordinaire de la collection « Les Plis ». Elle permet d’écouter, avec cet opus, une voix engagée, un outil pour penser notre monde. Une lecture tonique.  (C.B et P.H)