Il va avoir cinquante ans, ne se sent pas encore habité, façonné par cet âge, et va chercher dans son histoire intime l’origine de cette inadaptation. Une immense nostalgie, un abandon palpable le terrassent et le conduisent vers Anne, sa mère décédée quand il avait dix-neuf ans. Convoquant ses souvenirs, il va la rencontrer et la raconter.
Un chemin balisé l’amène au 6 avenue George V dans le studio où Anne prenait des cours de danse classique. Durant une nuit sans sommeil, il réanime les efforts de ces corps inscrits encore sur les murs et dans sa mémoire d’enfant accompagnateur. Bien que diplômée, curieuse, aventureuse et amoureuse intense, la danse ne fut pas son métier. Face aux miroirs tapissant les murs, l’auteur (Le grand secours, Les Notes novembre 2023) recrée cette femme énigmatique aux secrets engloutis dans cette après-guerre dont il ressuscite l’air du temps. À cette mère tant aimée, il offre un tombeau poétique, écrit dans un style brillant, très littéraire, plein de tendresse et de souffrance, partageant avec pudeur et retenue des moments de grâce, de sensibilité et de reconnaissance. (A.C. et A.Be.)