La Havane, années 2000. Cet homme étouffe, las d’un travail ennuyeux au ministère, de soirées solitaires, d’un quotidien étriqué, répétitif sans espoir de changement, émaillé de rares plaisirs. Issu d’un milieu pauvre, il a cru en la révolution jusqu’à la fin de ses études d’ingénieur. Mais le pouvoir a été confisqué, le pays est en ruine. Sur la plage, il voit des jeunes gens prendre la mer pour le détroit de Floride sur des embarcations de fortune. Il les photographie. L’envie le taraude de tout plaquer et de partir lui aussi… Disparu en 2015, Canek Sanchez Guevara, petit-fils du Che, est un déçu de la révolution cubaine. À travers ce roman désenchanté, il compare la vie sous ce régime à un 33 tours rayé, qui tourne sans avancer, suggérant l’obsession lancinante de l’impasse. Le lecteur respire avec lui un air statique, accablant, moite et raréfié. Trois annexes nous apprennent qu’après Cuba il est revenu au Mexique où il a milité pour un mouvement libertaire via les contre-cultures – écriture, musique, photographie… Le message du dernier texte est plus optimiste : le peuple cubain peut aujourd’hui s’approprier son destin en fondant une démocratie solidaire, sans tomber dans l’excès du capitalisme sauvage. (L.G. et C.R.P.)
33 révolutions
SÁNCHEZ GUEVARA Canek