26 avril 1986. La centrale de Tchernobyl explose. À Prypiat, ville construite pour les employés de la centrale, Ludmila s’obstine à croire les autorités qui assurent que « tout est sous contrôle » ; son mari, chimiste, est rappelé la nuit même sur le lieu du sinistre. Plus loin, à Kiev, Ioula, mariée à Pietro, vit une aventure avec un étudiant français et s’en préoccupe davantage que de la contamination nucléaire. À La Seyne-sur-mer, Lucile, quinze ans, suit intensément les premières informations : le nuage radioactif s’arrêtera-t-il à la frontière ? Tchernobyl était un des fleurons de l’Empire soviétique. Trente ans après, Lucile Bordes (Décorama, NB février 2014) livre un roman de la catastrophe. La narration, polyphonique, est limitée à une quinzaine de jours. Pour la jeune Française, assistant au combat syndical de son père, ouvrier aux chantiers navals, l’explosion correspond à la fin de l’enfance. Pour les deux amies russes, elle signifie l’écroulement d’un monde et probablement le début du processus de désintégration du régime politique. Deux autres voix, venant de l’au-delà, rendent hommage aux milliers de sauveteurs du site. Écrit dans un style élégant, très en retenue, ce récit, riche en symboles, est bouleversant d’humanité. (A.-C.C.-M. et P.S.)
86, année blanche
BORDES Lucile