Dans le travail effectué auprès des drogués par les réseaux associatifs new-yorkais, existent des marqueurs de progrès, par exemple quatre-vingt-dix jours de sobriété. Intangible, non négociable. Tant que ce cap n’est pas atteint, référents, toxicomanes guéris ou compagnons de misère ne lâchent pas. Ils entourent, conseillent, accompagnent, font parler celui qui cherche à s’en sortir. Ancien accro (Portrait d’un fumeur de crack en jeune homme, NB février 2011), toujours sur le fil du rasoir, Bill Clegg témoigne à nouveau : il parle de rechute, du cercle infernal crack-alcool-médicament, du désespoir, des tentatives de suicide… mais cette fois en prenant en compte l’aide qu’apportent ces chaînes de solidarité. On comprend alors comment, au-delà des prises en charge médicales et des cures de désintoxication, celles-ci soutiennent inlassablement l’homme en perdition et le ramènent autant de fois que nécessaire sur les rives de la réinsertion. Malgré des redites, ce texte reste un témoignage très instructif et touchant que l’on suit avec intérêt.
90 jours : récit d’une guérison
CLEGG Bill