Un chat se promène, et croise un enfant, un chien, un renard, un poisson, une souris, une abeille, un serpent. Un oiseau l’aperçoit de haut, une puce de très près, une mouffette d’en face, un ver de terre le perçoit dans les vibrations du sol, une chauve-souris celles de l’air. Et lui, comment se voit-il ? Car chacun a sa perception du chat, selon qu’il le considère comme un ami, un adversaire, un repas potentiel, un prédateur ; selon aussi le fonctionnement de sa vision (version kaléidoscopique de l’abeille, sensible à la chaleur du serpent, noir et blanc de la mouffette), ou de sa perception. Ces différences, l’illustration les rend admirablement avec ses images à la fois esthétiques (notamment les pages qui présentent « objectivement » le chat en vadrouille, à trois reprises, comme un étalon) et expressives, avec un félin qui se déforme, change de couleur, de proportions ou d’expression selon l’être croisé. C’est une excellente introduction à la notion de subjectivité du regard, ainsi bien sûr qu’aux différences de perception dans le monde animal. (M.D.)
À chacun son chat
WENZEL Brendan