Corinne Zed cumule les emmerdes : divorce, dettes, panne d’inspiration. La romancière bobo est contrainte de quitter sa maison Art Nouveau de Bruxelles pour un modeste appartement à Molenbeek. Le jour du déménagement elle croise Marco, un bel activiste italien anciennement poseur de bombes. Elle fait des pieds et des mains pour le retrouver, jusqu’à s’inscrire à l’université marxiste de Waterloo pour se préparer à le rejoindre à Turin. Après des essais, des pamphlets et des scénarios de bande dessinée jeunesse (Einstein, NB décembre 2015), Corinne Maier publie son premier roman. L’affrontement entre une bimbo consumériste et un anarchiste cynique était prometteur mais il tourne court dès les premiers chapitres. La romance rigolarde vire au voyage d’observation sociale, caricatural et erratique : d’un côté à l’autre de l’Atlantique, d’un beau quartier favorisé à une manif de Gilets jaunes, d’un dîner chic à un pot de fin de stage minable. Pas d’histoire d’amour torride, donc, ni de message politique percutant, et un saupoudrage de culture en couche très mince (la Révolution d’Octobre, Lénine à Paris, Stendhal, etc.) qui ne compense pas la lourdeur de la narration. L’écriture est énervée, fatigante, saturée de moqueries systématiques plus méchantes que drôles. Oubliable. (T.R. et E.M.)
À la conquête de l’homme rouge
MAIER Corinne