Sa mère, pianiste, déprimée, s’est suicidée après un traitement neuroleptique. Suzanne, sa soeur aînée, parfois très agitée, a été momentanément internée À la demande d’un tiers : elle-même. Alors elle se demande si elle n’est pas folle aussi. Elle hait Bambi et sa larme fabriquée, pleure à contretemps au point de se demander si elle a un coeur, hésite à s’engager par crainte de souffrir, est la proie de terreurs irraisonnées comme la peur des requins, surtout dans sa baignoire… Le premier roman de cette musicienne est original. Sa construction, savamment anarchique, mêle passé et présent, cauchemars et réalité, intercale des allusions à des détails pratiques et des films qui éclairent le sujet. Introspection, souvenirs, enquêtes sur la mère apportent des réponses parcellaires au questionnement de la narratrice sans prénom, austère, ponctuelle, méticuleuse. Plus inhibée par son éducation protestante et les circonstances que dérangée. « La folie n’est pas donnée à tout le monde ». Peut-être même pas à ceux que la vie a blessés et qui sont étiquetés malades mentaux. L’humour est noir et décalé, mais conclusion : pour se libérer de ses chaînes, il faut chercher à se connaître soi-même et accepter l’aide des autres. (L.G. et A.Be.)
À la demande d’un tiers
FORGET Mathilde